PORTRAIT - Izika: Le Magicien des Lumières Étranges
Poète distinctif originaire du nord de Madagascar, Izika crée discrètement un travail énergétique, imprégné d'étrangeté, de féminité et d'humanité.
Il s'agit effectivement de lui. Ce prénom donné à sa naissance par son père est désormais son pseudonyme. Il l'utilise comme une déclaration : Izika n'est pas un simple poète. Né sous le nom d'Iavilisy Ryan Izika en 1995 à Antsiranana, il représente une voix distincte et essentielle sur la scène littéraire malgache. Ses écrits, tantôt éparpillés que brillants, dessinent un chemin poétique mêlant solitude, différence et humanité.
En 2021, Izika réalise sa première avancée notable avec "Citronnade", un ensemble de poèmes où chaque mot paraît extrait et vibrant. Ce texte attire l'attention de l'établissement éditorial Dodo Vole situé à La Réunion, qui décide de le sortir en 2022 comme partie du recueil "Lettres de Lémurie", au côté d'autres créateurs venant de l'Océan Indien. Cette reconnaissance locale se propage rapidement bien au-delà.
En 2023, son travail intitulé "Nuances de bleu", malgré son statut d'inédit, est retenu pour le prestigieux Grand Prix Martial Sinda. À ce titre, il se voit attribuer la responsabilité d'écrire les contenus du sixième numéro de la revue photo nommée Fragments. De plus, durant cette période, il participe à l'International Call for Poetry on Contemporary Gender Issues auquel il apporte un poème appelé Palmistry. Ce dernier est par la suite inclus dans une anthologie baptisée 'Love is a Divine Fragrance', publiée chez Minchulli, en Inde. Cette reconnaissance mondiale n'est autre qu'une confirmation supplémentaire de l'intensité et de la force de sa voix artistique.
« J'écris ce que j'observe lors de mes déambulations. » À Antsiranana, loin du brouhaha des métropoles importantes, Izika conduit une existence quasi-monacale. Dans la petite pièce qu'il a lui-même construite avec l'aide de sa mère et de sa sœur, il consacre son temps à l'écriture. Cette retraite ne signifie pas solitude ; c'est plutôt un lieu où il peut observer le monde qui l'entoure. Chaque jour, il se promène dans les artères familières de sa cité natale, observant attentivement ceux qui traversent ces ruelles, prêtant attention aux silences autour de lui et saisissant les souffrances cachées derrière chaque visage. "Je reste en arrière pour avoir une vue plus claire", explique-t-il.
Son style, délibérément découpé en morceaux, passe alternativement du prosaïque à l'alexandrin. Il aborde le bizarre, l'étranger, l'intérieur intime, avec une précision exceptionnelle. En 2024, « La trajectoire de la lumière », un ensemble d'anecdotes courtes, voit le jour dans la revue Mozaïk. Par la suite, « Hécatonchire », un récit similaire, sort chez L’Encrier Renversé, dans un hors-série sur Madagascar.
Cassie Ramiandrasoa
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